Non ce n’est pas une multi-vitamine B. Le poly-B est le diminutif pour polybutylène. Introduit aux États-Unis durant les années 1970 dans les systèmes de plomberie d'alimentation en eau potable et dans certains systèmes de chauffage radiant à eau chaude, le polybutylène est ensuite apparu sur le marché canadien au début des années 1980, d’abord en Colombie-Britannique, puis au Québec et en Ontario. Tuyau de plastique de couleur gris ou parfois noir, le poly-b gagna rapidement en popularité auprès des plombiers dû à son sa facilité et rapidité d’installation. Son faible coût et sa légèreté de transport par rapport au tuyau de cuivre traditionnel étaient aussi des avantages gagnant la faveur des fournisseurs.
Cependant, tout beau tout nouveau, le poly-b connu sa part de problèmes. Considéré comme un produit miracle par les consommateurs, puisque moins bruyant et plus économique que la tuyauterie en cuivre, le Poly-b a causé bien des surprises. Les tuyaux se détérioraient sous l’action du chlore contenu dans l’eau potable. Les fuites, à répétition, survenaient aux joints et parfois ailleurs le long des tuyaux. Au contact du chlore, les raccords de plastique en acétal se désagrégeaient provoquant des fuites à répétition dans les murs et les plafonds, après seulement quelques années. Plus la présence de chlore était importante dans l’eau, plus la réaction était grande et rapide.
Un deuxième problème concernait les systèmes de chauffage central à eau chaude utilisant les tuyaux de polybutylène comme conduits. Dans ce cas, des problèmes de rouille accélérée du système de chauffage ont été remarqués et il semblerait que la perméabilité du tuyau à l’oxygène en était la cause. En effet, l’oxygène extérieur traversait la paroi de poly-b et se mêlait à l’eau. Cet oxygène dans l’eau entrait ensuite en contact avec le système de chauffage et faisaient rouiller les pompes, échangeurs et autres composantes métalliques du système en trois ou quatre ans seulement.
Au Québec et dans l’ensemble du Canada, la concentration de chlore dans l’eau de consommation est généralement de moins de 2 PPM (partie par million) alors qu’aux États-Unis elle peut être beaucoup plus élevée. Étant donné l’apparition plus tardive du poly-b au Canada et la concentration moindre en chlore dans l’eau potable, il est possible que les problèmes prennent plus de temps à apparaître. Les raccords en acétal ont fait place au raccords de cuivre depuis 1986, ce qui aida à éliminer les risques de fuites dus à la dégradation des joints et les fabricants ont cessé de produire des tuyaux en polybutylène depuis 1995.
Au Canada, plusieurs centaines de milliers d’immeubles (environ 225 000 au Québec) seraient encore équipés des tuyaux en Poly-b, mais ce ne sont pas tous les propriétaires qui éprouvent des problèmes et la présence de ces tuyaux dans votre maison ne veut pas nécessairement dire que vous en aurez non plus.
À la suite des recours collectifs intentés contre les compagnies américaines Shell Oil et Du Pont de Nemours, les consommateurs des USA ont pu bénéficier, en 1995, d'un fonds d'environ 950 millions $ pour défrayer les coûts de remplacement de leur système de plomberie en Poly-b. Les consommateurs du Québec, de l’Ontario et de la Colombie-Britannique ont dû se contenter d'un règlement de recours collectif plus modeste. Au Québec, le recours collectif, entrepris en 1998, a fait l’objet d’un règlement en 2004, dans lequel Shell Oil s’engagea à verser 20 millions $ dans un fonds destiné à indemniser les propriétaires de bâtiments dotés de systèmes de tuyauterie en poly-B. A cette date, environ 500 personnes s’étaient dites victimes de ces problèmes de plomberie.
Les fabricants Shell Oil et Du Pont de Nemours ont pratiquement admis leurs torts en versant des millions de dollars dans des fonds d’indemnités pour les consommateurs américains et canadiens. D’ailleurs, l’émission MarketPlace de la CBC révélait au cours d’un reportage en 1999 des documents qui semblaient prouver la défectuosité du produit. Par exemple, ce mémo interne de Shell Chemical, où l’on peut lire «Admit our product stinks…», pourrait se traduire par «Admettons que notre produit est pourri…»!
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