Un peu d’histoire, le développement de l’habitat (première partie)

Le développement de l’habitat sera étroitement lié avec le développement urbain. Situés  dans des implantations isolées sur de vastes terrains, les villages se regroupaient autour de lieux publics comme les églises, le magasin général et l’hôtel de ville.  Avant le milieu du 19e siècle, les maisons n’avaient qu’un étage, comptaient généralement 2 chambres et arboraient un espace de vie commun. Au fur et à mesure que les familles grandissaient, des pièces venaient s’ajouter à la maison, ou bien l'ajout de lucarnes faisait en sorte que le grenier était transformé en espace habitable.

Entre les années 1770 et 1820, d'importants changements ont transformé la maison d'inspiration française. Des éléments de design ont été modifiés pour mieux affronter le climat rigoureux et profiter des percées technologiques dans les modes de chauffage. La fondation en pierre devint plus profonde qu'en France pour éviter les mouvements du bâtiment par l'action du gel durant l'hiver. Le rez-de-chaussée fut relevé pour s'éloigner du froid et de l'humidité du sol et pour se dégager de l'épaisse couverture de neige.
L'espace entre la base de la fondation et le rez-de-chaussée étant plus grand, il devenait possible de l'excaver pour créer un sous-sol servant de caveau à patates ou à légumes, d'endroit de conservation, ou d'emplacement pour boulanger, faire la lessive, puiser de l'eau ou simplement ranger les instruments saisonniers.

Avec un rez-de-chaussée plus haut, il fallait des marches et un perron surélevé. Devenu populaire comme lieu de conversation, de repos ou de rangement du bois de chauffage, le balcon s'étendra sur toute la façade de la maison. Afin de le protéger contre les éléments, on a prolongé le toit par un larmier qui servait également à protéger les gens des intempéries et du soleil. Le larmier est devenu de plus en plus profond, au point d'exiger son support par des colonnes de soutien. Cette excroissance a contribué à faire un toit distinctif de deux versants en forme de cloche. La pente du toit demeurait cependant prononcée pour éviter l'accumulation de neige. Ce type de maisons qu’on appelle aujourd’hui maison de campagne ont eues une typologie qui a durée très longtemps. Encore aujourd’hui, il est possible de voir ce type de propriété dans les zones agricoles de la province.


À l'époque, l'utilisation du foyer pour la cuisson et le chauffage était peu efficace. Au cours de la seconde moitié du XVIIIe siècle, il y a eu une prolifération du poêle à combustion lente qui chauffait davantage et facilitait la cuisson. Cette innovation a permis une plus grande subdivision de la maison en pièces cloisonnées et grâce à l'amélioration du chauffage, la maison québécoise pouvait devenir plus grande pour accommoder les familles de plus en plus grandissantes. Peu à peu, le haut rendement du poêle à bois a inspiré la naissance, au XIXe siècle de la cuisine d'été. Souvent placée sous le pignon, du côté est, comme tampon contre les grands vents d'hiver, la cuisine d'été servait aussi comme vestibule, garde-manger et espace de rangement durant la saison froide.

Contrairement à aujourd’hui où les maisons doivent répondre aux réglementations de zonage urbains, elles n'étaient pas alignées avec la route mais orientées plein sud, avec plus d'ouvertures sur la façade ensoleillée pour tirer profit de la chaleur produite par le soleil. L'augmentation de la capacité de chauffage a aussi donné plus de liberté dans le nombre, la grandeur et l'emplacement des fenêtres. Ainsi, avec l’amélioration de la qualité du verre, la maison québécoise pouvait avoir deux fois plus de fenêtres que la maison française qui l'a inspirée. Par contre, on minimisait les fenêtres balayées par le vent sur le côté nord et à l'étage.

Le milieu du 19e siècle fut témoin de l’essor de développement de la période industrielle, les villages s’agrandissaient et certains ce sont jumelés pour créer des ville. Avec une densité de population plus grande, cet élan urbain contribua à créer de nouveaux types d’habitat comme les bâtiments contigus à toits plats que nous retrouverons vers le début des années 20. Ces maisons en rangées devinrent propices pour répondre à l’augmentation de la population tout en réduisant l’espace utilisé et permirent la possibilité de location. C’est ainsi qu’avec une économie précaire pendant la période de la grande dépression, nous avons pu voir apparaître les duplex et triplex avec escaliers extérieurs.


En 1940-1950 les multi-logement qu’on appelait les « maisons de rapport » devenaient de plus en plus populaires dans les quartiers près des centre-villes. Ces bâtiments logeaient surtout des petites familles ou personnes seules. Un peu plus tard ces propriétés sont devenus l’habitat de la vague de l’immigration et encore aujourd’hui ils desservent une population importante de la population. La copropriété (condominium), devint populaire dans les années 80. Ce type de propriété permet à un premier acheteur de réaliser un premier investissement en immobilier demandant peu d’entretien et de dépenses, puisqu’il partage des espaces communs. Cette formule est avantageuse pour le promoteur, pour le développement de certains quartiers et pour desservir une clientèle variée comme les jeunes couples, les 2e et 3e acheteurs, les investisseurs, etc.

Avec la collaboration de Mme Nichole Ouellette, écrivaine et photographe  http://www.ouellette001.com/
et la collaboration de M. Felice Vaccaro, architecte, Montréal

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